Syndrome de l'intestin irritable

Maladie de Crohn et rectocolite hémorragique

Les Maladies Inflammatoires Chroniques de l’Intestin (MICI) regroupent 2 entités : la maladie de Crohn (MC) et la rectocolite hémorragique (RCH). Ces deux entités se caractérisent par une inflammation de la paroi d’une partie du tube digestif. Dans la maladie de Crohn, cette inflammation peut être localisée à tous les niveaux du tube digestif, même si c’est au niveau de l’intestin, avec une prédominance pour l’iléon, qu’on la retrouve le plus souvent. Dans la RCH elle est localisée au niveau du rectum et du colon. Ces maladies évoluent par poussées inflammatoires de durée et de fréquence variables selon les patients. Ces poussées alternent avec des phases de rémission.

Etiologie des MICI

Les MICI sont d’étiologie inconnues, multifactorielles (environnement, génétique et microbiote). Il s’agit d’une dysrégulation de la réponse immunitaire muqueuse dirigée contre des éléments de la flore intestinale, survenant chez des patients génétiquement prédisposés. Le tabac et l’appendicectomie jouent un rôle protecteur dans la RCH, contrairement au tabac qui est un facteur de risque dans la MC.

Symptômes

Lors de poussées inflammatoires, les MICI se caractérisent le plus souvent par des douleurs abdominales, des diarrhées (parfois sanglantes) ou encore une atteinte de la région anale (fistule, abcès). Ces signes cliniques peuvent s’accompagner de fatigue, d’anorexie et de fièvre, voire de manifestations extra-intestinales (articulaires, cutanées, oculaires, hépatiques).

L’évolution de la maladie peut entrainer le rétrécissement du segment intestinal atteint, puis une occlusion ou encore un abcès conduisant à la formation d’une fistule.

Risque de carences

Les carences en vitamines et minéraux sont fréquentes chez les patients atteints de MICI.

Carence en fer

La carence martiale est la première cause d’anémie au cours des MICI. Sa prévalence moyenne, calculée à partir des études disponibles dans la littérature est de 45%. Son origine est multifactorielle, elle peut être liée à l’inflammation ou une résection intestinale, et à une diminution des apports dans un contexte de poussée inflammatoire. Selon les recommandations de l’ECCO de 2015, la supplémentation en fer est recommandée chez tous les patients atteints de MICI qui ont une anémie par carence martiale.

Carence en vitamine D

Une étude a montré que 28% des patient atteints de MICI présentaient une insuffisance en vitamine D et 32 % une carence. Il n’est cependant pas clairement établi que la prévalence de l’insuffisance en vitamine D soit plus élevée dans les MICI que dans d’autres pathologies chroniques. La carence en vitamine D est multifactorielle, elle peut être liée à une exposition solaire insuffisante, à la diminution des apports alimentaires accentuée par des restrictions en produits laitiers, à la malabsorption favorisée par une atteinte ou une résection intestinale de l’iléon terminal. De part ses propriétés immunomodulatrices et son effet sur le microbiote, la supplémentation en vitamine D pourrait réduire l’inflammation par son action inhibitrice sur les cytokines inflammatoires.

Carence en vitamine B12

Près de 16 % des patients atteints de MICI ont des taux sériques bas de vitamine B12. La carence en B12 peut être liée à une inflammation ou une résection iléale, à des fistules entéroentériques, à une pullulation bactérienne, à une réduction des apports alimentaires, à une augmentation des besoins ou à une entéropathie exsudative. Le consensus européen de l’ECCO publié en 2015 recommande le dosage sérique de la vitamine B12 à un rythme au minimum annuel.

Carence en vitamine B9

Des taux bas de vitamines B9 ont été rapportés chez près de 1/3 des patients atteints de MICI. La carence en B9 peut être consécutive à un régime restrictif (pauvre en fibres), à une malabsorption, à une augmentation des besoins et en cas de traitement par méthotrexate et sulfasalazine. Le consensus européen de l’ECCO publié en 2015 recommande le dosage de la vitamine B9 à un rythme au minimum annuel.

Carence en zinc

L’évaluation du statut en zinc est difficile parce que les taux plasmatiques sont fluctuants et modifiés par plusieurs facteurs, dont l’inflammation. Une carence en zinc a été décrite chez près de 15 % des patients atteints de MICI. La carence en zinc est plus fréquente lorsque la MICI est active. Elle doit être recherchée en particulier devant des manifestations dermatologiques ou une fistule. En cas de carence en zinc, la supplémentation se fait généralement par voie orale, la voie injectable étant réservée à certains cas sévères. 

Autres carences

D’autres carences ont été rapportées dans la littérature, notamment les carences en vitamine A, en vitamine K, en sélénium et en vitamine B1.

Alimentation et risque de survenue d’une MICI

Il est logique de penser que les MICI sont en partie liées à ce que nous mangeons et des études épidémiologiques ont montré qu’une alimentation riche en fruits et légumes et en acides gras n-3 provenant des poissons est associée à un risque plus faible de développer une maladie de Crohn et une rectocolite hémorragique. A l’inverse, une alimentation plus riche en viande rouge, en sucres, boissons sucrées et
confiseries et une consommation basse en légumes et légumineuses augmente le risque de MICI.

Faut-il suivre un régime lorsque l’on est atteint d’une maladie de Crohn ou d’une rectocolite hémorragique?

Chez un malade atteint de MICI, en dehors de quelques situations particulières (sténose intestinale par exemple), la survenue d’une poussée n’est pas liée directement à l’alimentation. Lorsqu’il existe une poussée inflammatoire sévère, on peut conseiller au patient de suivre un régime sans résidu pendant quelques jours afin de réduire le nombre de selles et les
douleurs abdominales. Il repose sur la suppression des aliments contenant des fibres tels que les fruits et les légumes qu’ils soient crus ou cuits ainsi que les céréales complètes et, de façon plus stricte, des produits laitiers si leur consommation amplifie les symptômes. Dès que la situation s’améliore, il faut les réintroduire progressivement.

Prise en charge nutritionnelle

Une évaluation de l’état nutritionnel doit être réalisée pour chaque patient atteint de MICI. En cas de doute, un bilan nutritionnel plus complet réalisé par une diététicienne, voire une recherche des carences nutritionnelles spécifiques les plus courantes doivent être proposées.

En période de rémission, il est essentiel d’éviter les erreurs de régimes, ainsi un régime sans sel (sauf cas particulier) est inutile au cours d’une corticothérapie chez les patients jeunes. Le régime sans résidu a un intérêt théorique au cours des poussées inflammatoires et en cas de sténose, mais il ne doit en aucun cas être prolongé. Il est très important d’expliquer qu’un régime d’exclusion ne permet pas d’éviter la survenue de poussées inflammatoires et qu’une alimentation équilibrée est essentielle.